Valentine Beslais
Époux : Célestin Boiziau
Enfants : (prénom inconnu) †, René
Général
Naissance : 28 février 1877 à Tours
Mariage : 14 février 1899 à Tours (presque 22 ans)
Décès : 20 novembre 1955 à Villandry (78 ans)
Prénoms : Valentine Victorine Clémence
Histoire
Dans sa famille, Valentine est considérée comme peu expansive, mais très aimante envers ses enfants. Elle pique des colères terribles en tapant le four à coups de tisonnier.
Quand sa mère meurt, elle prend en charge son frère cadet Aristide et parvient à combler quelque peu son deuil épouvantable, ce dont il lui reste éternellement reconnaissant.
Elle se marie avec Célestin et a deux enfants.
L’aîné meurt de la grippe espagnole dans sa jeunesse. Mais René survit.
Elle fait beaucoup de sacrifices pour que son fils René ait un mariage et un emploi, et lui ne faisait rien pour. Tout cela l’épuise car René profite largement d’elle.
Marguerite Beslais a écrit une lettre où elle parle de son oncle Célestin.
De ce qu’on voit dans les lettres, elle demandait fréquemment à sa famille éloignée d’aider ses enfants. Voici un extrait d’une lettre de sa belle-sœur Madeleine :
Ce matin une lettre très douloureuse de Valentine. Elle écrit à l’insu de ses enfants. Ils ne gagnent par leur vie. Ils sont à sa charge et elle ne veut pas qu’ils suivent les cours de librairie pendant 2 ans. Elle demande à ton père [Aristide] de leur trouver une situation. Or, à l’heure actuelle, tout est pris, même les plus petites places. Je ne sais ce que tout cela va devenir. Je te laisse à prévoir ce que peuvent être des randonnées de 80 km sous la pluie sans vendre un bouquin. Il s’y tuent. De ce moment, ils vont à Nantes et Valentine en a profité pour nous écrire. S’ils connaissaient cette lettre, ils seraient bien malheureux.
Voici ce qu’en dit Aristide Beslais, son frère cadet, dans ses mémoires :
Quant à ma sœur Valentine, il existait entre nous des liens bien plus que fraternels : elle avait été ma petite maman, et nous nous en souvenions l’un et l’autre. Elle avait onze ou douze ans lors de ma naissance. C’était, je l’ai dit, au plus creux de la vague de misère, après l’exode de Poitiers auquel mes parents avaient été réduits, quand l’interdit lancé contre le «meneur» par la puissante maison Mame avait fait perdre à mon père tout espoir de retrouver à Tours un emploi dans sa profession. Il était donc devenu, pour subsister, lui et les siens, un tout petit employé à la mairie et son salaire ne pouvait suffire aux besoins d’une famille dont j’étais la sixième –et assez malencontreuse– personne. Je n’ai pas été le bienvenu ! Ma mère avait retrouvé, au retour de Poitiers, quelques clientes et le tic-tac de la machine à coudre se prolongeait souvent tard dans la soirée… Mais j’ai déjà évoqué cette période.
L’affection maternelle dont me témoignait Valentine s’était prolongée au-delà de son mariage, au-delà de mon enfance. Après la mort de ma mère (ma sœur s’était mariée dix-huit mois auparavant), c’est auprès d’elle que je passais mes vacances. J’étais un enfant quand naquit le premier de ses fils, j’étais un homme quand naquit le second. Mais rien n’avait changé dans nos rapports, j’étais resté pour elle plus son enfant que son frère, et maintenant encore, René me porte plutôt des sentiments de cousin que de neveu.
Chère Valentine, que rien ne prédisposait au drame, je pourrais dire qu’elle a eu une destinée balzacienne : elle a été une héroïne de l’amour maternel. La mort de son fils aîné, que la tuberculose emporta vers 1920, l’avait plongée dans un désespoir profond, et une sorte de misanthropie. Elle reporté sur René toute sa tendresse de mère, et ne vécut plus que pour lui. La mort subite de son mari, à la veille de la seconde guerre, marqua le début d’un long sacrifice qui se termina par sa mort : il avait duré vingt années.
Nous en avons suivi toutes les étapes, votre mère et moi. Je n’entrerai pas dans les détails. Si René en a été l’agent inconscient, je puis témoigner qu’il a toujours été un bon fils. Mais il avait fait un bien sot mariage !… D’étape en étape, nous avons vu la malheureuse Valentine se dépouiller des modestes biens qu’une certaine promotion sociale lui avait procurés. Elle aurait pu terminer sa vie comme une petite bourgeoise de village, avec une aisance convenable, et dans une belle maison. Tout y a passé, pièce par pièce, y compris le mobilier, et c’est une pauvresse sans espérances qui mourut à 82 ans dans cette maisonnette campagnarde acquise jadis avec leurs premières économies. Comme j’ai dit : Pauvre Henri, je puis dire aussi, hélas ! : Pauvre Valentine !