Lettre

De : Henry-Louis Baratin, à Paris

À : Marguerite Beslais, à Cahors

Date : 21 mars 1946

Mon doux amour,

Aujourd’hui c’est le printemps ma toute belle et le soleil notre dieu protecteur a tenu à faire un belle journée. Il y a dans ce jardin cet après-midi dieu sait quels oiseaux qui chantent et qui me rappellent le Luxembourg où voici deux ans nous commencions à aller en groupe. J’étais souvent bien inquiet dans le grand jardin, bien inquiet de savoir ce que vous pensiez de moi. Ma jolie gamine, votre maman m’a téléphoné ce matin pour me dire que vous ne viendriez pas dimanche. J’en ai été bien triste tout de suite car je pensais que les vacances de Pâques étaient dans 15 jours, et en ce cas je me disais que je ne vous verrais sans doute pas avant. Mais après examen du calendrier, vous viendrez probablement le samedi suivant. Ma petite fille chérie je vous aime beaucoup et je vous embrasse bien fort sur votre oreille.

À défaut d’appartement à nous, nous pourrons sous-louer un local mi-meublé appartenant à un fonctionnaire qui est à Vichy depuis 1940. Il y a trois pièces, une cuisine, une salle de bain. Seulement c’est au 1er et donne dans une cour. C’est fort bien sauf l’absence de soleil. Mais pour l’été et en attendant nous pourrions nous en contenter. C’est très bourgeois. Le local est à notre disposition. C’est Mlle Chevalier qui en a la garde et ça se trouve auprès de la place de Clichy.

Ma fée si belle nous parlerons de tout cela quand vous serez là et que je pourrai vous raconter dans l’oreille que je vous aime, que vous êtes belle, que je voudrais vous embrasser vos lèvres mouvantes et que je vous désire très fort. Ma petite gamine je vous aime savez-vous. J’ai reçu votre lettre de mardi ce matin et je suis très heureux ma poupée belle quand je reçois une lettre de vous.

Je n’ai guère d’idées quand je vous écris car je pense seulement que je vous aime et que je voudrais vous tenir tout contre moi. Je vous quitte ma chérie en vous embrassant bien fort.

Rylouis