Lettre

De : Marguerite Beslais, à Sainte-Radegonde

À : sa famille à Paris

Date : inconnue, pendant son enfance

Cher tout le monde,

Je vous écris chez Pépère et Mémère. Ils sont bien tous les deux. Mémère m’avait préparé un déjeuner très bon et je mange comme 6. J’ai reçu une lettre de Pat ce matin. Je rentre ce soir à la Caillarderie. Je rentrerai mercredi. Je voudrais bien être avec vous. Célestin est souvent à la messe, il parle comme un curé, il déverse un pardon bienfaisant sur tout le monde, il voudrait faire trappiste. Tout cela agace Valentine, pour qui une retraite future à la Caillarderie n’est pas une perspective bien gaie. Voilà ce que j’entends là-bas. Ce n’est pas bien intéressant pour vous. Mais je l’écris tout de même. Ils sont aux petits soins pour moi. Je me repose bien. Écrivez-moi tout ce qui se passe. J’ai été bien heureuse de recevoir votre lettre ce matin. Je vois que je ne peux pas rentrer plus tôt que mercredi. Je rentrerai sans doute mercredi après-midi parce que je tâcherai de passer encore quelque temps avec Pépère et Mémère. Je vous enverrai une dépêche pour que vous sachiez l’heure exacte de mon arrivée, si quelqu’un peut me chercher à la face. Mon cher papa, ma chère maman, mon cher Titoto, je vous embrasse de tout mon cœur.

Guitte

Pépère et Mémère vous embrassent bien tous et vous remercient de m’avoir envoyée (c’est une commission difficile à faire pour moi)