Lettre

De : Marguerite Dubois, à Paris

À : Marguerite Beslais, à Cahors

Date : 27 mai 1946

Chère Mademoiselle,

Mon fils m'apprend aujourd'hui que vous êtes venue pour me faire visite dans l'après-midi du 26 avril dernier. Il est de fait que je n'ai pas répondu à deux coups de sonnette assez rapprochés l'un de l'autre. Veuillez trouver ici l'expression de mes excuses : une de mes amies venue pour quelques jours seulement à Paris et très désireuse de me voir m'avait une semaine plus tôt demandé par lettre de lui réserver mon après-midi de ce vendredi : ce que j'ai fait.

L'idée ne m'étant pas venue que ce fût vous qui sonniez (j'avais plutôt pensé que vous auriez profité de la présence de mon mari à Paris, les jours précédents, pour nous faire visite à tous deux) –ceci explique que je me sois abstenue de répondre aux coups de sonnette anonymes et inattendus.

Recevez, chère Mademoiselle, avec la nouvelle expression de mes excuses, celle de mes bons sentiments.

M Baratin

P.S. Mais non ! mais non ! on ne se « disputait » pas, comme vous l'avez imaginé au moment où vous sonniez. Et je vous demande expressément de croire que ce n'est pas une habitude de la maison… et qu'il n'y eut jamais ici de « dispute » avec des parents ou des amis venus tout exprès pour me voir. Je  regrette même bien que l'idée d'une « dispute » vous soit venue quand rien ne pouvait la justifier : elle était si calme et si profondément cordiale cette conversation d'alors !