René Boiziau

Photos

Parents : Célestin, Valentine

Épouses : (nom inconnu), Geneviève (nom de famille inconnu)

Enfants : aucun


Général

Naissance : entre 1900 et 1910

Premier mariage : date inconnue

Second mariage : date inconnue

Décès : date inconnue


Histoire

Il se marie deux fois. La première femme meurt prématurément.

Il n’a pas d’enfant.

Il est très déconsidéré par la famille d’Aristide Beslais, au point qu’il y a une rumeur selon laquelle il serait impuissant et sa mère aurait essayé de lui trouver une épouse en cachant ce problème.

Voici ce qu’en dit Aristide Beslais, son oncle (frère de sa mère), dans ses mémoires :

Mais ma famille c’est aussi mes neveux, Georges, qui vient me voir de temps en temps, et René, le fils de ma sœur Valentine, qui fut pour moi une seconde mère. Il vit relégué depuis bien des années dans un village de ma Touraine originelle, que je ne reverrai pas. Il y a quelques années j’avais appris avec peine qu’il était venu à Paris et n’avait pas trouvé le temps de me rendre visite. J’en avait été ulcéré…

Or ce matin, dès huit heures, un coup de sonnette. Je vais ouvrir et me trouve face à face avec un René tout sourire et sa femme Geneviève : sa femme que je ne connaissais que de nom, et aussi par une petite lettre de vœux qui m’a touché au début de cette année. Je suis tout ému. Attendrissement sénile ? Non, mais joie profonde de voir la fin d’un malentendu qui m’avait chagriné.

Les voici, assis près de moi. Je les regarde et les écoute. Ou plutôt, j’écoute René et le considère. Comme il a peu changé : quel âge a-t-il ? Cinquante-huit ans je pense. Il ne les paraît pas, il a toujours cette chevelure brune, épaisse et drue qu’il a héritée de son père. Avec les années, sa ressemblance avec ses parents est devenue plus distincte et sur son visage je retrouve des traits de l’un et de l’autre. Pourtant son propre personnage s’est précisé : avec ses larges épaules et son «bedon», c’est maintenant un petit bourgeois de campagne auquel le mariage semble avoir donné plus d’assurance, plus de confiance en soi.

Et sa femme ? Elle m’a fait, dès le premier coup d’œil, une impression très favorable. C’est une jeune femme sérieuse et digne, discrète, sinon timide. C’est à peine si j’ai entendu le son de sa voix pendant cette longue visite, mais son regard, et parfois son sourire, parlaient pour elle. Elle me regardait, elle écoutait René gentiment et affectueusement. Elle l’aime, et il s’est transformé à son contact. Il donne l’impression d’être plus stable, mieux installé dans la vie : il a beaucoup à gagner à cette union.

Leur histoire est touchante. Il faut remonter loin dans le temps pour en découvrir la véritable origine, à l’époque où mon beau-frère Célestin, après un long détour (auquel son contact avec notre famille n’est pas étranger) avait retrouvé la foi intransigeante et sans fêlure de ses aïeux vendéens. Quand avait-il rencontré son chemin de Damas ? Je ne saurais le dire, mais il est certain qu’il avait été profondément bouleversé par la mort de son fils.

René, lui, n’avait pas été affecté par la mort de son frère : il était beaucoup plus jeune que son aîné. Il suivit l’exemple et la leçon de son père. Il avait pour celui-ci une grande admiration et tenait de lui un fond de mysticisme que ne put que développer l’atmosphère de deuil qui régnait autour de lui. Son mariage marque le terme de cette évolution.

Son second mariage, car il avait fait, très jeune, une expérience fâcheuse et qui s’était terminée tragiquement : suicide ou accident d’une femme dont la vie était assez compliquée…

Quelle différence avec cette Geneviève que j’ai devant moi ! J’avais été conquis au premier coup d’œil. Par sa «présence», par ce sentiment de loyauté, de sécurité qui émane d’elle ! Elle n’a pas dit un mot, je l’intimidais. Et tandis que René parlait, elle ne le quittait pas des yeux. Un regard affectueux, maternel. Elle l’aime, et il le mérite, car elle a été sa «Bonne Action».

Il l’a connue à Villandry. J’ignore tout de ses origines familiales. Ce que je sais seulement, c’est qu’elle était une grande malade et qu’elle avait été accueillie comme telle dans un petit hôpital où, au lendemain de la seconde guerre, était mort mon frère Henri. Or René entretenait les meilleures relations avec les religieuses qui gèrent cet hôpital. Il la découvrit, la protégea, l’aima, l’épousa. Elle lui en a gardé manifestement un grande reconnaissance.

Et le vieux bonhomme que je suis en a été touché.