Lettre

De : Madeleine Vérillotte, à Paris

À : Marguerite Beslais, à Cahors

Date : 1946

Mon chéri,

Rylouis et Peya sont allés ce matin pour publier tes bans à la mairie. Date fixée le 22 juillet. Le sort en est donc jeté et tu seras Mame Baratin. Défie-toi de ces angoisses sans objet qui te rendent malheureuse inutilement. Nous nous portons très bien et j’ai pu voir combien j’étais en bon état puisque quelques pilules vraiment calmantes m’ont mise comme Pont Neuf lui-même.

La Pat s’est acheté un superbe costume tailleur bleu marine chez Calditz pour 7 000 F. Jacquette Langue, c’est vraiment parfois Mlle Giraud m’a dit qu’elle me téléphonerait dès qu’elle aurait du nouveau. Je t’écris à Cahors car je n’aime pas que les lettres trimballent.

Mme Magnien a 10 ans de plus que ton père et ton père est très sobre.

Nous sommes toutes les deux comme Pantagruel : nous pleurons d’un œil et rions de l’autre pour l’Amérique. Celui qui rit voit du chocolat, du sucre, du lait, du riz, un appartement surchauffé et ultra confortable, et le repos pour toi. Peya est bien emballé.

Rylouis téléphone tous les jours. Nous sommes en flirt.

Mon amour chéri, je t’embrasse mille fois.

Mémé